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Alexandre Torbay
September 8, 2022

Les Pays-Bas, un modèle de mobilité pour tous ?

Le 22 septembre aura lieu la journée sans voiture, et cela peut être l’occasion de tester différents modes de transports. En France, le parc automobile comptait en 2021 plus de 38 millions de voitures, près de 6 millions de véhicules utilitaires légers, 600 000 poids lourds et 94 000 bus. Ces chiffres traduisent l’importance de la voiture et des véhicules motorisés dans notre quotidien. Et si aujourd'hui certains ne peuvent pas se passer de leur voiture, nous vous indiquions dans une #questiongreen précédente que 15% des Français habitent à moins de deux kilomètres de leur lieu de travail mais que parmi eux, plus de 50% s’y rendent en voiture.

Les alternatives au trajet seul en voiture sont néanmoins nombreuses. Qu’il s’agisse de vélo, de covoiturage, de télétravail ou des transports en commun, pour une grande partie des trajets urbains, et une partie des trajets ruraux, les solutions pour éviter la voiture sont accessibles pour tous et permettent de réduire drastiquement les émissions de gaz à effet de serre des véhicules motorisés.

Si le vélo était utilisé à l'échelle mondiale pour les trajets du quotidien comme il l'est aux Pays-Bas, quelle quantité de gaz à effet de serre pourrait être évitée ?

Si comme les Néerlandais, tout le monde faisait ses trajets quotidiens à vélo plutôt qu’avec un véhicule à motorisation thermique, nous pourrions éviter l’émission de 700MtCO2e, soit l’empreinte carbone du Royaume-Uni ou encore presque 2% des émissions mondiales.

Une étude d’Oxford a montré que si chacun réalisait un trajet par jour à vélo, cela permettrait une réduction des émissions liées au transport d’environ deux tiers par personne. Pour un Français ayant une empreinte carbone moyenne de 9,9 tCO2e par an et dont la part des transports représente environ 2 tonnes de CO2e, cela peut donc permettre d’économiser plus de 1,3 tCO2e par personne chaque année, soit 13% de l'empreinte carbone personnelle.

Le vélo prend d’ailleurs une place toujours plus importante dans notre quotidien comme le montre l’évolution de la production de vélos entre 1962 et 2015. L’année de la COP21, plus de 123 millions de vélos ont été produits, dont près de 80 millions en Chine. Néanmoins, une étude a montré que les pays où les revenus sont élevés ou moyens comptent plus de propriétaires de vélos, mais ces pays recensent une utilisation de la voiture également plus forte. L’utilisation du vélo n’est donc pas automatique, même quand il est à portée de main, puisque dans ces pays, seulement 5% des trajets ont été effectués à vélo.

Le développement de l’utilisation du vélo passera notamment par une meilleure accessibilité et par l’amélioration des infrastructures (pistes cyclables et parking sécurisés, notamment). En suivant l’exemple des Pays-Bas et du Danemark, rendre les villes plus accueillantes pour le vélo permettra d’encourager son utilisation.

Mais les villes et pays ne se limitent pas à favoriser l’utilisation du vélo pour réduire l’empreinte des déplacements quotidiens et exceptionnels. Par exemple, la ville de Berlin a vendu, durant l’été 2022, un pass à 9€ donnant accès à tous les trains, bus, tramway ou métro du pays. Une telle offre avait pour but d’inciter les consommateurs allemands à se diriger vers les transports en commun plutôt que vers les voitures individuelles. Une conséquence logique de cet objectif du pass transport à 9€ est la réduction de la consommation de carburant, et donc de réaliser des économies d’énergie dans un contexte international sous tension.

L’Allemagne n’est pas la seule nation à expérimenter les transports en commun gratuits. Depuis 2020, le Luxembourg a introduit la gratuité des transports publics pour tous. D’après le gouvernement luxembourgeois, cette mesure a permis d’éviter l’émission de 290 000 tCO2e.

Si les transports sont un enjeu si important aujourd’hui, c’est parce qu’ils représentent à la fois l’un des secteurs d’activité les plus émetteurs, et l’un des plus gros consommateurs de carburant et plus largement d’énergie, et qu’ils représentent un levier d’action à court terme.

Le secteur des transports était responsable en 2019 de 24% des émissions mondiales, derrière la production d’électricité (41%) et devant l’industrie et la construction (19%). En France, c’est encore plus frappant, car la production d’énergie est faiblement carbonée. Dans l’Hexagone, les transports sont responsables de 43% des émissions de GES, largement devant le secteur résidentiel et de l’industrie et de la construction, qui sont responsables de 14% et 13% des émissions de GES.

Ce secteur est parmi les plus émetteurs notamment à cause de sa consommation d’énergie. En 2021, le secteur des transports était responsable de 28% de la consommation finale d’énergie, dont 95% sont issue du pétrole.

Pour conclure, il est primordial que chacun s’engage et prenne des mesures pour réduire son impact car, comme le GIEC l’a présenté dans ses rapports, il est impératif d’inverser la courbe des émissions mondiales d’ici 2025. Dans cette optique, le Grand Prix de Formule 1 de Hollande a favorisé la mobilité responsable pour les spectateurs venus nombreux (300 000 personnes) à Zandvoort à côté d’Amsterdam. En effet, 35% des visiteurs sont venus à vélo, 35% en train, 15% en bus et 15% via des moyens de transport différents. Le parking voiture était situé à 7km du circuit, avec des vélos en libre-service et une voie aménagée pour aller jusqu’à l’événement. Ainsi, s’il s’agit d’une activité particulièrement émettrice, les organisateurs du Grand Prix des Pays-Bas ont mis en place des moyens conséquents pour réduire l’impact carbone associé à l'organisation de l’événement.

Sources :

  • https://www.ecowatch.com/bicycling-carbon-pollution-netherlands.html
  • https://www.rtl.fr/actu/debats-societe/combien-d-economies-de-co2-faites-si-on-se-deplacait-en-velo-pour-les-petits-trajets-7900178067
  • https://gouvernement.lu/fr/actualites/toutes_actualites/communiques/2022/09-septembre/07-rapport-emprunt-souverain-durable.html
  • https://www.statistiques.developpement-durable.gouv.fr/chiffres-cles-de-lenergie-edition-2021