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Jean-Yves Rettel
June 29, 2022

La rhétorique hawkish de la Fed maintient l'EURUSD sous pression

Bonjour à toutes et à tous et bienvenue sur ce commentaire de marché préparé par les équipes de keewe pour la semaine de Pâques 2022.

Au menu aujourd’hui,  l’eurodollar qui a clôturé à 1.0880 vendredi et le Yen qui a lui fini la semaine à 124.34 contre le Dollar.

Nous dirons également  quelques mots du débat qui agite actuellement les milieux économiques sur l’avenir du Dollar en tant que monnaie de réserve dominante, avant de revenir sur ce thème lors nos prochaines éditions.

 

Le nouvel accès de faiblesse de l’Euro a été provoqué par les déclarations de Yael Brainard, future vice-présidente de la réserve fédérale nommée par le Président Biden et dont  la confirmation à ce poste n’est maintenant plus qu’une formalité.

Le message de Madame Brainard était double:

 

En premier lieu, elle a confirmé les anticipations des marchés concernant la stratégie de quantitative tightening que va adopter la banque centrale américaine. Pour mémoire le QT ou quantitative tightening est l’inverse du quantitative easing ou assouplissement quantitatif mis en place par les grandes banques centrales pendant la pandémie. Le QT consiste donc à revendre les titres obligataires acquis pendant la période d’assouplissement quantitatif. En revendant ces titres sur le marché, la banque centrale fait mécaniquement baisser les prix de ces obligations et remonter les taux d’intérêt à long terme. Ains, avant même la mise en place effective du QT, les taux des emprunts d’état américains à 10 ans ont augmenté de 100 points de base depuis le début de l’année, pour atteindre aujourd’hui 2.70%.

 

En second lieu, Madame Brainard a également assuré que la Fed se préparait à remonter ses taux à un rythme accéléré de 50 points de base à chaque réunion du comité cette année, soit beaucoup plus rapidement que les 25 points de base anticipés encore il y a quelques semaines.

Madame Brainard représentant dans les faits l’administration présidentielle, elle aura un poids considérable dans les délibérations du comité, ayant été nommée pour surveiller de près  le président Powell qui n’avait été reconduit pour un second mandat qu’après moult hésitations de la Maison Blanche.

 

On peut donc s’attendre avec une très forte probabilité à au moins 4 ou 5 hausses de taux de 50 points de base au cours de l’année en cours.

Cette hausse imminente de l'ensemble de la gamme des taux d’intérêt aux Etats-Unis est évidemment un facteur de soutien majeur pour le Dollar et l’Euro s’est donc déprécié  de 1.10 à 1.08 en quelques jours.

Handicapé par la  politique monétaire particulièrement passive de la BCE et par les répercussions économiques de la guerre civile dans le monde Russe, l’euro n’a selon nous pas beaucoup d’atouts pour reprendre des forces.

Nous avons toujours comme objectif la parité avec le Dollar à l’horizon de cet été.

 

Un point rapide sur le Yen que nous évoquions lors de notre dernier point de marché.

La monnaie japonaise a évolué récemment entre 120 et 125 sans réaction notable de la part du gouvernement ni de la banque centrale.

Il est possible que nous nous soyons trop avancés en indiquant un niveau de 125 comme déclencheur d’une intervention de la Banque du Japon pour soutenir le Yen.

2 éléments sont en effet à prendre en compte à ce sujet:

Historiquement, le Yen se négociait en effet plutôt à un niveau de 128-129, avant que les autorités japonaises ne se décident à prendre les choses en main. Il est donc possible que le gouvernement japonais se satisfasse d’un niveau de 128 ou même de 130 comme limite maximum tolérable de la dépréciation.

Ensuite, le gouverneur Kuroda termine son deuxième et dernier mandat l’année prochaine. Ce serait sans doute le couronnement de sa carrière de voir l’inflation redevenir positive sur l’année écoulée et surtout de voir l’économie japonaise renouer avec la croissance si celle-ci était tirée par une reprise des exportations, qui serait facilitée par un Yen faible.

En somme, le Yen a sans doute encore un potentiel de dépréciation contre le Dollar sur les niveaux actuels.

 

Pour conclure, un mot des débats qui agitèrent actuellement les milieux économiques internationaux suite au gel des réserves de la banque centrale de Russie par les pays occidentaux.

L’administration américaine sait qu’elle a utilisé une arme à double tranchant tant cette décision remet en question le statut du Dollar en tant que première monnaie de réserve dans le monde.

 

Il est en effet assez aisé d’imaginer la réaction à Pékin ou à Riyadh après une telle décision. Rien n’empêcherait les Etats-Unis de procéder de la même manière avec les avoirs gigantesques de la banque centrale chinoise (on parle de 3,000 milliards de dollars) en cas de réunification avec Taïwan où avec les avoirs des pays duGolfe dans d’autres circonstances qui pourraient déplaire à Washington, par exemple en matière de non-respect droits de l’homme.

Il est bien évident que les grandes nations émergentes ont débuté une réflexion stratégique qui pourrait fortement modifier la répartition d leurs réserves dans les années à venir.

 

Nous notons toutefois que le risque est largement maîtrisé dans la mesure où l’Euro, soit le concurrent le plus sérieux du Dollar à l’heure actuelle, n’apparaîtra pas comme plus sûr après l’épisode actuel. .mEn gelant simultanément les avoirs de la banque centrale russe, l’Union européenne a de facto indiqué que les actifs détenus sur son sol n’étaient pas plus en sécurité qu’à la réserve bank of New York, annulant ainsi le risque de voir les détenteurs d’actifs de réserve liquider massivement les titres du trésor américains pour se reporter sur les obligations européennes.

 

Ceci dit, l’évolution du rôle du Dollar dépend de multiples facteurs et nous poursuivrons cette analyse dans quelques semaines.

 

Bonne semaine de Pâques à chacun